Fermeture des établissements… En Guyane : mépris et déni de réalité

dimanche 15 mars 2020
par  Sud Éducation Guyane

Le jeudi 12 mars, la présidence de la République a annoncé la fermeture des établissements scolaires. Cette mesure, bien que tardive, était indispensable afin d’enrayer l’épidémie. Sud éducation alertait en effet la profession depuis plusieurs jours sur l’inaction de notre employeur et les risques que ce dernier a fait encourir aux personnels.

Nous restons toutefois abasourdis par le manque de considération montré par la hiérarchie, ministre en tête, envers les personnels. Pas un mot pour leur santé, pas une inquiétude pour celles et ceux qui sont en première ligne. Rappelons que sur les 5 premiers cas officialisés en Guyane la semaine dernière, 3 sont des enseignants. Rappelons également que la première victime du virus dans l’Oise était un de nos collègues...

EN GUYANE, UN DÉNI DES RÉALITÉS LOCALES

Quelle école ?

La question de la continuité pédagogique est un leurre grossier. Malgré la com’ quotidienne du gouvernement, l’institution n’est pas prête, les outils techniques sont largement sous dimensionnés, tous les personnels (en particulier les directeurs d’école) croulent sous le travail. Et concevoir de nouvelles pratiques pédagogiques et des contenus adaptés ne se décrète pas en trois jours.

De plus, pour la Guyane, il est indécent de parler de continuité pédagogique quand une grande partie de la population n’a pas d’habitat salubre, d’accès à l’eau potable et de nourriture en quantité suffisante.

En Guyane, plus que nulle part ailleurs, nous rappelons qu’il existe des inégalités sociales entre nos élèves, que tous ne sont pas dotés d’équipement informatique à la maison, que tous ne sont pas en capacité d’y accéder et de maîtriser les outils numériques proposés. Le fossé culturel, éducatif, social, numérique ne se comblera pas en trois jours.

En Guyane la continuité pédagogique ne peut être une priorité et l’enseignement à distance une chimère

La preuve en quelques chiffres

- 45000 personnes environ n’ont pas accès à l’eau potable selon l’office de l’eau
- 7 communes sur 22 ne sont pas reliées à la route et n’ont accès aux urgences que par hélicoptère !
- + de 11000 élèves ne seraient pas scolarisés
- Pour la plupart, nos écoles ne disposent même pas de papier toilette ou de savons, pas besoin de chiffres pour le prouver

Les enjeux sont ailleurs : (non exhaustif)
- 43% de la population a moins de 20 ans
- 50% des 15-24 ans sont scolarisés (60% en métropole)
- Environ 40% des jeunes sont au chômage
- Fracture numérique : en Guyane il n’y a que la fusée qui décolle
- 3% du territoire couvert par la 4G
- Débit internet très faible par exemple à Apatou, Grand Santi, Papaïchton, Maripasoula.

L’émancipation par l’éducation doit rester notre priorité malgré les difficultés et nous continuerons d’être aux côtés des personnels dans leur accompagnement de tous les élèves pendant et après cette crise.

EN GUYANE, UN MÉPRIS DES PERSONNELS D’ÉDUCATION

Une communication institutionnelle infantilisante, insuffisante et incohérente

Les personnels sont méprisés à coup de communication ministérielle et rectorale incohérente. Il a fallu attendre 18H30 samedi 14 mars pour obtenir un mail de notre hiérarchie. Ce mail, succinct n’est qu’une reprise édulcorée du mail envoyé aux chef.fe.s d’établissement vendredi 13 mars et reste bien flou sur les modalités de mise en oeuvre de la continuité administrative et pédagogique. La mention des permanences nous laisse perplexe, quel mépris pour le personnel de l’Éducation Nationale.

Les personnels demandent plus de considération et de respect : personne n’a réclamé de vacances supplémentaires, les enseignant-es, qui sont des professionnels responsables, ont déjà prévu de travailler (même si certains gardent aussi leurs propres enfants !), et n’ont pas besoin d’infantilisation du ministère ou du rectorat de la Guyane. Nos élèves sont déjà notre priorité ! Dans le même esprit, des collègues ont aussi reçu depuis vendredi 13 mars des mails de consignes totalement rendues caduques par les annonces du Premier Ministre le samedi 14 mars à 20H, heure métropolitaine : les rassemblements, réunions et autres contacts entre personnes sont à restreindre pour limiter la propagation du virus.

Télétravail
SUD éducation Guyane rappelle que le télétravail dans la fonction publique ne relève pas d’une simple décision ministérielle : le statut prévoit un accord explicite de l’agent-e. Il est également nécessaire que le matériel (informatique, connexion, etc.) soit fourni par l’administration. Contrairement aux dires du ministre, il n’existe actuellement pas de cadre réglementaire pour imposer le télétravail.

Se rendre dans les établissements ?
Sur l’injonction à se rendre dans les établissements : d’un point de vue strictement légal le obligations des fonctionnaires ne sont pas suspendues. En revanche, il est important que l’ensemble de nos droits soient respectés. Ainsi, la fédération SUD Éducation a rédigé une FAQ les rappelant. Lisez-la sur notre site internet.

Pour les personnels fragiles (femmes enceintes, immuno-déprimées, personnels souffrant de pathologies chroniques...) et les personnels ayant des personnes fragiles dans leur entourage immédiat : se rendre chez leur médecin traitant et faire établir un certificat médical, puis le transmettre à leur supérieur hiérarchique (IEN/Chef d’établissement) afin de demander une autorisation spéciale d’absence (ASA) ou plus simplement se faire prescrire un arrêt de travail.

Pour tous les personnels : Il est possible de remplir le Registre de Danger Grave et Imminent (RDGI) et d’exercer notre droit de retrait conformément aux dispositions du décret n°82-453. Le droit de retrait est individuel mais peut être exercé collectivement. N’hésitez pas à̀ nous contacter si vous souhaitez l’exercer.

C’est pourquoi SUD éducation Guyane appelle les personnels à prioriser leur santé et celle de leurs proches sur les injonctions irresponsables de leur hiérarchie et à s’investir plus que jamais pour défendre une éducation émancipatrice.


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