Conditions de travail : chargeons la mule
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Les gouvernements passent l’objectif de démantèlement de l’Education Nationale reste. L’avenir que nous dessine la droite au pouvoir est clair : éliminer le plus de personnels possibles dans le but de faire des économies. Au final il s’agit de demander au peu de gens qui restent de faire, en plus de leur travail, le travail de ceux qui ne sont plus là et avec toujours plus de pression.
Heures supplémentaires pour tous
(pour éliminer des temps pleins)
√ Suppression progressive de l’Association Sportive dans les collèges => les 3 heures d’UNSS que chaque prof d’E.P.S devait faire en dehors des heures de cours seront transformées en heures de cours normales pendant le temps scolaire. Ces trois nouvelles heures par prof devront être prises sur le temps plein d’un éventuel contractuel (ou néo-titulaire) => 6 profs de sport x 3 nouvelles heures = 18 heures prises = un poste en moins pour un autre prof = un prof en moins à payer.
√ L’heure de décharge pour tâches spécifiques en collèges et lycées (gestion labos en Hist-Géo, SVT, Sciences-Phy, Langues) devient facultative => heure de labo supprimée = nouvelle heure à faire devant une classe. 18 profs x 1 nouvelle heure prise sur le poste de quelqu’un = 18 heures prises = un poste qui saute pour un autre prof = un prof en moins à payer.
√ Suppression de l’heure de première chaire (c’est une décharge d’1 heure) pour profs enseignant dans des matières du BAC non obligatoires (options ?). Si enseignement dans matière obligatoire, pour garder sa décharge il faut au moins 6 heures données aux classes à examen (une heure faite devant un demi groupe ne sera plus décomptée pour une heure) => même principe : 1 heure de décharge en moins = 1 heure de plus à faire devant les élèves = 1 heures de prise sur le temps plein de quelqu’un etc.
√ Professeurs de Lycées Professionnels pas assez actifs quand leurs élèves sont partis en stages : il faut donc alourdir les tâches des enseignants (développer la bivalence) pendant ces périodes, et annualiser leur temps de travail (gros coups de bourres en perspective ?).
√ Majoration d’une heure supplémentaire pour tous à partir de 8 h devant des groupes de moins de 20 élèves => 1 heure sup = 1 heure de moins pour un poste à temps plein ailleurs.
√ Remise en cause des vacances :
Nous ne faisons pas assez d’heures par rapport au privé ! Comme Ségolène le dit, il serait temps que ces faignants de profs travaillent au moins 35 heures par semaine ! Pourtant, en 2002, le Ministère évaluait le temps de travail des enseignants à 40 heures par semaine. En 5 ans nous serions donc passés de 40 heures à moins de 35 heures ? Bluffant. Tout ce ramdam vise en fait à réduire les vacances des enseignants. A l’avenir il se pourrait que les petites vacances diminuent et que l’on nous fasse travailler début juillet et fin août sur des périodes de plus en plus longues. Mais ce que les autorités se gardent bien de rappeler c’est qu’en réalité les enseignants ne sont pas payés pendants les grandes vacances : leur salaire de 10 mois a simplement été étalé sur l’année. On veut donc non seulement nous faire travailler plus mais aussi, et surtout, sans nous payer comme les autres travailleurs.
√ Proposition de suppression de 3200 postes chez les ATOS => charge de travail plus lourde pour ceux qui restent.
Des « hommes à tout faire »
(pour faire l’économie des remplaçants).
√ Voulez-vous jongler entre trois établissements ?
Si plus assez d’heures pour nous dans notre établissement : possibilité d’être affecté sur trois établissements à la fois, même dans communes non limitrophes (stress, fatigue, carburant, danger route, temps, non intégration aux équipes éducatives).
√ Voulez-vous enseigner plus de matières ?
Si plus assez d’heures pour nous dans notre matière : bivalence dans une autre matière (trivalence pour les PLP en Lycée Pro). Mentions complémentaires quasi imposées aux concours (primes et points mutation alléchants) => profs = hommes-orchestres et non formés. Le Rectorat de Guyane vient de demander aux contractuels qui le désirent de s’inscrire dans deux matières pour l’année prochaine.
*Intégration de l’apprentissage en Lycée Professionnel (EPLE) : la recherche des contrats d’apprentissage échoira aux chefs de travaux ou aux enseignants.
*Dans le 1° degré : toujours plus de matières à maîtriser (informatique, langues etc…)
Toujours plus d’élèves à gérer
(Augmentation du nombre d’élèves par classe).
√ Suppression des demi-groupes en collège/lycée
Demi-groupes = 2 profs. Classe entière = 1 prof => économie d’un prof
√ premier degré : globalisation des effectifs dans les classes.
Création des EPEP (Etablissements Publics d’Enseignement Primaire) = plusieurs écoles regroupées sous l’égide d’un nouveau Conseil d’Etablissement présidé par quelqu’un de la Mairie. => globalisation des effectifs des enfants : une école rurale avec une classe unique de 15 (tout va bien) et une autre école avec une classe unique à 35 ! => on demande un 2° instit ? Non car 15 + 35 = 50 élèves dans l’EPEP. 50 élèves pour les 2 profs de cet EPEP = quotient de 25 élèves par prof, pas besoin d’un troisième poste.
Toujours plus de pressions
√ Obligation de remplir des objectifs sinon on nous coupe les vivres
C’est l’attribution d’une enveloppe globale en euros, non plus en fonction des structures (nombre d’élèves dans l’établissement, condition sociale des élèves …) mais en fonction du projet d’établissement. Si projet d’établissement pas ambitieux : pas de sous. Donc obligation de projet d’établissement « ambitieux » (démentiel ?) pour avoir un budget de fonctionnement correct, et en plus, obligation de résultats (évaluation constante de la performance des établissements) pour continuer à avoir ce budget.
√ Renforcement de la hiérarchie
Bientôt tous payés « au mérite » (en fonction de notre docilité) selon l’évaluation du chef d’établissement (c’est déjà le cas pour les TOS). Dans les écoles : le rapport commandé en 1998 sur le projet d’EPEP suggère fortement l’évaluation des enseignants par le chef de l’EPEP (un membre de la mairie).
Intrusion de la hiérarchie dans la liberté pédagogique.
> Dans les EPEP du 1° degré : le nouveau Conseil d’Établissement élargi élabore les projets d’établissement sous l’égide du nouveau chef (quelqu’un de la Mairie).
> Dans les collèges : création de petits chefs nommés par le chef d’établissement et chargés de siéger au Conseil Pédagogique avec en cadeau des décharges horaires. Missions des « conseillers pédagogiques » : répartition des décharges pour les collègues (labo…), répartition des moyens par matières, « coordination » (?) d’une discipline, formation et accompagnement d’autres enseignants (appui au corps d’inspection = mini-inspecteurs/évaluation des collègues, tutorat d’enseignants titulaires débutants + soutien d’enseignants en difficulté : bonjour les risques de flicage).
√ Généralisation de la précarité
De fonctionnaires nous allons un jour passer CDI (donc licenciables), puis CDD, contractuels, vacataires, Contrats d’Aide à l’Embauche (CAE et autres emplois jetables)… avec en pendant toutes le stress qu’occasionnent les retards de paiement, les salaires moindres, les retards de contrat, la suppression du salaire des grandes vacances, le licenciement l’année suivante ou dans les six mois, ou bien le changement d’établissement chaque année.
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