Le soutien façon Darcos, ou l’externalisation de l’échec scolaire
par
Avec un réalisme déconcertant, Ferry a expliqué comment avec les 108 heures de soutien, on pourra supprimer les RASED et finalement économiser 8000 postes. Bien que Darcos se défendît l’année dernière de vouloir supprimer les RASED le budget prévisionnel de 2009 envisage déjà la fermeture de 3000 d’entre eux.
Par deux heures hebdomadaires de soutien et quelques journées de travail en plus durant les vacances scolaires, Darcos prétend remédier à la difficulté scolaire. Croire au bien-fondé de ce soutien, c’est nier la complexité de la difficulté scolaire dont la prise en compte nécessite un véritable travail d’équipe (enseignants et autres spécialistes de l’enfance) dans une école qui valorise tous ses élèves et leur apporte les moyens dont ils ont besoin.
Dorénavant, les élèves qui éprouvent des difficultés seront sommés de venir apprendre entre eux pendant que leurs camarades plus "méritants" profiteront des heures libérées et des vacances scolaires. A croire que la difficulté n’a ainsi plus sa place dans la journée scolaire, que les élèves plus lents ne doivent pas ralentir les autres.
La concentration des apprentissages dans une semaine raccourcie risque de rendre infernal le rythme de la journée scolaire et de bousculer des enfants qui ont besoin de davantage de temps. Ces enfants vont accumuler des lacunes que l’on ne pourra plus traiter en classe et, de ce fait, le nombre des élèves considérés en difficulté et donc "à traiter" hors du temps scolaire augmentera. Les rythmes scolaires de l’enfant ne peuvent s’appréhender que sur l’année, avec des journées plus courtes et une réelle répartition des activités en fonction des possibilités des élèves. Tout cela nécessiterait également une indispensable baisse des effectifs par classe.
Comment peut-on imaginer que face à cette injustice les enfants en difficulté sauront tirer profit d’un soutien que la majorité des enseignants va pourtant essayer, en toute bonne foi, de rendre efficace et attrayant ?
Sur tout cela le ministre Darcos "communique" en insistant sur le fait qu’enfin on va s’occuper des élèves en difficulté d’apprentissage alors que c’est l’inverse qui risque de se produire avec la disparition programmée des RASED.
Darcos et Sarkozy ne veulent pas privatiser l’École, mais les règles de la concurrence non faussée sont quand même appliquées à l’École : le marché du soutien solaire est en plein développement et en plus les dépenses de soutien scolaire sont déductibles des impôts.
Des milliers de postes vont être supprimés dans les Rased.
Les temps de loisir et de vacances seront réduits pour les élèves en difficulté.
La gratuité du soutien n’est qu’un leurre temporaire, trompant les attentes des familles.
Les heures supplémentaires vont être introduites massivement dans le premier degré, jusqu’à aujourd’hui épargné, au risque de diviser les personnels et de casser les solidarités au sein des équipes pédagogiques.
Il est encore temps de refuser, d’informer les familles sur ces mensonges organisés, de faire connaître collectivement notre opposition, de faire connaître et circuler nos initiatives de résistance.
Commentaires