Prestidigitateur, illusionniste : de belles carrières d’avenir s’ouvrent en Guyane
par
On le sait ou ne le sait pas assez, mais celui qui
devant vous transforme la pierre en or, découpe
une femme en morceaux et dans l’instant suivant
la dévoile souriante et sautillante, fascine.
Et le rectorat dernièrement ne cesse de nous fasciner.
Des 6000 enfants non scolarisés admis par le
recteur à son arrivée, aux 3000 dénombrés
dans le dernier bulletin rectoral, il n’aura pas
fallu 6 mois : fabuleux !
Des 47 postes accordés magnanimement pour
un département déjà super doté, avec une
moyenne de 25 à 27 élèves par classe, ce sont 3000
enfants non scolarisés qui renteront à l’école et il ne
s’écoulera pas 6 mois d’ici septembre 2005 : prodigieux
!
Pas 6 mois non plus pour faire sortir de terre, les écoles
indispensables à l’accueil de ces élèves et ce, alors qu’il
n’y a plus un centime dans les caisses : fantastique !
On le voit, on l’entend, on le lit, le recteur a plus d’un
tour dans son sac. Encore faut-il que ces tours ne soient
pas des tours de passe-passe.
Le prestidigitateur a cependant besoin d’un élément indispensable
pour ses prestations :le public.
Sans public, pas d’illusions, sans illusions pas d’apparitions
fantastiques.
Et le recteur ne rechigne pas dans ses recherches, multipliant
les déplacements, les inaugurations, les réunions,
sillonnant la Guyane, il invite le public à son
fabuleux spectacle. Médusé, les Oh ! les
Ah ! les Bravo ! fusent devant ces prouesses.
Le spectacle terminé, que reste-t-il ? Des
écoles sans eau, des enfants sans école, des enseignants
sans formation, sans logement, des précaires
en veux-tu en voilà.
C’est déjà beaucoup dira-t-on. Certes, mais même
de ce splendide résultat, parions que le recteur n’osera
s’en vanter.
Alors, pour changer en Guyane, ne soyons plus des spectateurs,
devenons les acteurs de notre société. Inventer,
créer, imaginer, une école en Guyane où toutes les cultures
seront reconnues, sauf celle du mépris.
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